Madagascar et l’Afrique en général sont qualifiés comme étant des cimetières de projets et il faut bien l’admettre, c’est en grande partie vrai. Ayant travaillé dans le monde du “développement” avec un si grand nombre de diversité de projets (grands et petits, des projets locaux, nationaux et internationaux, des projets multithématiques aussi bien que des initiatives holistiques) durant plusieurs décennies, je peux prétendre en témoigner.
Les temps m’ont rendu sceptique et j’ai toujours des réminiscence de ses échecs successifs troublants et incompris dans mon passé.
Mais l’approche actuelle du projet FM3A, une collaboration entre le FTA et Aqua Alimenta, un des six membres de l’Alliance SUFOSEC, est indéniablement, et c’est mon avis, une des plus prometteuses que j’ai voir et vivre.
Comme l’a si bien conclu le Directeur de Programme Afrique de l’Ouest et Madagascar d’Aqua Alimenta lors d’une réunion récente: “Vous n’avez pas droit à l’échec” et je crois bien comprendre ce qu’il veut dire.
Je vais décortiquer dans cet article quelques-uns des paramètres qui me poussent à accepter comme vrai ce que notre partenaire d’Aqua Alimenta a dit en ce mois de Mai 2022.
La responsabilisation et l’approche appropriation locale
Le premier ingrédient, à mon avis la plus importante qui a été apporté par Aqua Alimenta et qui va changer beaucoup de choses dans le modèle de développement coopératif Nord-Sud est l’appropriation locale. C’est une approche surprenante et osée, difficile à comprendre pour des personnes aveuglées par le modèle de management du développement conventionnel, souvent top-down.
Les hauts responsables de l’équipe d’Aqua Alimenta travaillant de jour comme de nuit pour comprendre et mieux conseiller,
Dans cette approche, le bénéficiaire est écouté et encouragé à construire son propre cheminement du développement. Ainsi il est responsable (responsabilisation et autonomisation sont des mots clés) de son développement, de sa démarche et de son avenir. Et le développement est un processus bien planifié, mais adaptable et rectifiable à chaque étape. AA est déjà très fort dans son mode de travail avec la flexibilité et la réactivité mais surtout parce qu’il met les moyens nécessaires et optimales qu’il évalue de façon rationnelle pour sortir les partenaires du sous-développement.
Il faut une véritable expertise, et une expertise bien contextualisée, pour cela.
Avec la coordination du FM3A, Aqua Alimenta prend toutes les précautions pour ne pas trop s’exposer et se faire considérer comme naïf. Beaucoup de mesures sont prises en amont de toutes les initiatives et des concertations régulières ont lieu. Des mesures d’accompagnement avec des recommandations et des formations successives sont organisées, selon les besoins et les demandes des bénéficiaires.
Des principes fondamentaux et clairs
A l’approche de la fin des ODD, tout le monde s’attaque aux grands défis de développement comme la sécurité alimentaire ou l’amélioration des revenus des paysans. La différence d’Aqua Alimenta c’est le choix stratégique et l’annonce de certains principes fondamentaux parfois mis sous silence (car gênant et un peu compliqué pour certains au début) comme la durabilité, la démocratie dirigée dans le management de projet (par opposition à la démocratie chaotique), l’écoute et le respect des autres, notamment des bénéficiaires, et l’adaptation aux réalités des milieux d’intervention. AA n’annonce pas seulement et ne se perd pas dans les rhétoriques, c’est surtout par la pratique et les mesures d’accompagnement concrètes qu’AA renforce les principes.
Le durable se traduit par un accompagnement multi-annuel qui respecte les règles de la nature et ce qui pourra sûrement faire du FM3A un projet à impact avec un “développement (positif) irréversible”, un autre vocabulaire que j’ai appris du directeur de programme d’AA.
Des réponses rapides aux besoins réels et stratégiques.
A la fin de sa mission à Madagascar au mois de Mai 2022, l’équipe d’AA a effectué un bilan avec les projets qu’il soutient à Madagascar et a (re)mis sur la table quelques grands défis déjà identifiés par les bénéficiaires. Ainsi par exemple la question de l’eau, l’irrigation et la fertilisation du sol sont des thèmes d’actualité partout. La question de la production de biomasse pour le compostage et la fertilisation du sol a immédiatement également été soulevées par l’équipe d’Aqua Alimenta.
AA ne s’arrête pas au diagnostic, à la confirmation des besoins réels des bénéficiaires, en général, on ne perd pas beaucoup de temps avec des procédures, des enquêtes et des analyses interminables. L’expertise est là, les réponses rapides et concrètes avec des recommandations qui suivent immédiatement après les discussions.
Conclusion personnelle
Avec de tels paramètres, peut-on encore échouer? La réponse est un NON catégorique. Avec l’hypothèse que l’environnement général (sécuritaire, climatique, économique et politique) du pays présentent une certaine stabilité.
